dimanche 3 mars 2013

J'ai testé... le speed networking!

Alors on ne pourra pas dire que je ne mets pas toutes les chances de mon côté dans cette recherche d'emploi... et que je ne pousse pas l'expérience ethnologique jusqu'au bout pour le plus grand plaisir de mes lecteurs.

J'ai fait ma première (et certainement dernière?) session de speed networking!

Informée par l'adorable L. d'une fair "Career & Education", avec un évenement de networking permettant de rencontrer 200 employeurs, le tout au Marina Bay, et poussé par ma curiosité (et par évidemment l'excitation d'un nouveau billet toujours plus immergé dans le coeur des singapouriens), me voici partie à l'aventure... au Marina Bay!

Pour ceux qui ne le savent pas, le Marina Bay, c'est LE centre commercial de luxe de Singapour, qui en plus accueille LE Casino, et un palais des congrès. C'est là où j'avais pris mon Iphone 5 le jour de sa sortie parmi une masse de singapouriens en délire...

Aujourd'hui, je suis accompagnée d'une masse de jeunes singapouriens. On pourrait jouer à "Spot the White", L. et son chéri et moi-même sommes bien les seuls Ang Moh du coin...

Le lieu est rempli de stands, comme n'importe quelle exposition, et avec toujours le même dilemme dans ce cas (que ce soit pour choisir son constructeur de maison, son bateau, ou sa robe de mariée... et donc même son boulot...): Comment être efficace?
Je me diriges d'un pas décidé vers le fond de la salle, en me disant que je vais commencer à rebrousse-poil et je tombe nez à nez avec le stand de speed networking.

Allez Go! je suis venue pour ça.

On me met une petite gommette verte pour dire que je suis "jobseeker", et les employeurs ont une gommette orange. Je remplis un questionnaire où on me demande ma race (une fois n'est pas coutume, même pas mal.... aurais-je dû inscrire Ang Moh?)


Et... on rentre dans l'arène, 12 tables avec des monsieurs et dame en uniforme pardon... costards et tailleurs (on reconnaît facilement sur la photo l'interviewé et l'intervieweur)... Rien ne les distinguant des uns des autres. On s'approche, on ne sait pas quelle est la boîte qu'ils représentent... Première table c'est "Prudential" (notre assurance santé), deuxième table identique, troisième table identique.
Tous font la même réponse... "Nous ne recrutons que des singapouriens, choisissez une autre table", au bout du 3ème, je lui demande s'ils sont nombreux à être encore de Prudential et de bien vouloir m'indiquer les tables auquel je n'ai pas besoin d'aller. Son geste vague ne m'aidera pas, 80% des tables sont pour Prudential, une pour AIA (notre assurance habitation), où le jeune commercial a bien appris son pitch qu'il répète invariablement à chaque personne. Visiblement AIA recrute des commerciaux, et ils vous offrent une carrière progressive, un plan d'évolution sûr... Ou... comment attirer des jeunes en promettant un avenir plan-plan dans un pays où le boum économique fait qu'on peut se permettre tout sauf d'être plan-plan... Mais apparemment ce sont des arguments qui parlent à certains jeunes...
Sur les autres tables, un ou deux entrepreneurs pas prêts du tout à embaucher, mais prêts à vous parler de leurs produits... ou pas d'ailleurs, les deux que j'ai rencontré n'avaient pas vraiment rôdé leur accroche et j'ai pas vraiment compris ce qu'ils faisaient, sauf qu'ils ne m'embaucheraient pas.
Au bout de 20 minutes, L. et moi nous retrouvons au milieu des tables avec une moue qui en dit long, une anglaise d'origine indienne se joint à nous, elle aussi est déboutée...
Je m'estime heureuse, j'ai réussi à en faire sourire deux-trois, voir à les déstabiliser en posant des questions non prévues au tableau, et un rigolait comme un Maire connu en se tapant sur la jambe (mince... était-ce sincère?)

Une chose est sûre le speed networking c'est pas pour nous. Cela dit, tu es jeune, non qualifié, singapourien de préférence, et prêt à tout pour devenir commercial dans l'assurance, et avoir un plan de carrière encore plus sûr que la fonction publique française... pourquoi pas...

En face, Carrie Academy vend ses services de relooking: simple: enfilez un tailleur strict, maquillez-vous en zombie, croisez les bras, mettez-vous de 3/4, ça y est, vous avez une image corporate singapourienne parfaite... vous êtes prêt à embrasser une carrière sérieuse...





Le stand n'est pas fermé, les différents micros des intervenants beuglent et on ne sait même pas ce qu'ils disent, derrière un singapourien fait une conférence à l'américaine expliquant les recettes de la réussite. Oui parce qu'il ne faut pas grand chose pour réussir, juste écouter un pitch beuglé dans un micro.

Un autre a moins de succès, plus âgé il raconte pourquoi faire des études... Visiblement la réussite facile  c'est plus glamour...

De la porte d'à côté s'échappe un fumet de chicken rice, car oui, à l'intérieur de la fair, on peut manger son chicken rice. Les écoles sont toutes là, et les différentes ambassades aussi pour vendre leur systèmes scolaires, enfin toutes, sauf la France... (en même temps, les singapouriens n'ont pas spécialement envie d'aller en Irlande, au Canada, ou en Russie... les stands étaient plutôt vides, et D. venus aider L. s'amuse comme un fou à prendre leurs prospectus, à gagner des stylos, à poser des questions, et à se faire prendre en photo pour donner l'illusion qu'ils ont attirés des jeunes de tous pays, avides de nouvelles expériences)


Bref, j'ai testé le speed networking, et j'ai donc compris ce que certains aiment entendre dans un interview: " je cherche une entreprise sérieuse, durable, dans laquelle je veux une carrière progressive et porter un tailleur stricte... s'il vous plaît ne me demandez pas de réfléchir et de prendre des risques"... et je comprends mieux pourquoi on m'a demandé une fois ce que j'entendais par "entreprise dynamique"

Bon ce n'était visiblement pas pour moi! Pas grave, tel Marc Augé pour son célébrissime et magnifique "Un ethnologue dans le métro", j'ai joué à l'ethnologue à "Career & Education 2013", et ça ... j'ai adoré!

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